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mais résultant de la nature même des choses, comme Montesquieu voulait. Et la loi,
par rapport à ce droit-là, n'est que négative ; elle écarte les forces perturbatrices. Dès
que la bonne femme est assurée de son panier, alors elle se conforme aux lois non
écrites, qui ne sont nullement celles d'Antigone, mais inférieures, et fortement
enracinées. Mais comme ces lois tiennent le tyran aussi, et par les pieds en quelque
sorte, ce sont peut-être aussi les lois d Antigone ; et il se peut que toute justice soit
fille du panier aux Sufs.
Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 150
Nulle violence n est utile en économie
c) L'esprit de révolution.
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Dans une révolution, il y a naturellement beaucoup à discerner ; car l'idée et la
violence sont ensemble ; l'idée se simplifie par la pressante nécessité, mais la violen-
ce a mille visages. J'y devine des brutes redoutables qui s'enivrent de puissance ;
aussi des prêtres froids, qui sont les mathématiciens de la chose. Et ces deux forces
jointes développent vraisemblablement des maux inouïs. Mais le mouvement, dans
son ensemble, dépend de causes plus ordinaires, explicables par la commune nature
humaine. Seulement les pouvoirs n'osent pas regarder par là. Ayant tout osé et
impunément, ils se croient adorés. Il faut avoir été soi-même homme de troupe, dans
les temps où l'arrogance triomphait avec éclat, pour savoir ce que c'est que l'esprit de
révolte. D'un côté le ridicule s'étale, parce qu'il n'est pas permis de rire, et l'humeur
insulte sans aucune mesure. Parmi les esclaves s'exerce le jugement Ésopique, qui
finit par tirer au clair une sorte de philosophie effrayante ; car toutes les injustices et
toutes les erreurs sont démêlées et en quelque sorte définies sans aucune atténuation
jusqu'à ce point que l'espérance même d'un peu de générosité, d'un peu de justice,
d'un peu de bon sens, est effacée sous la masse des récits concordants ? Ici travaille
l'esprit de système, non point selon l'utopie, comme on voudrait croire, mais au
niveau de l'expérience immédiate. L'ironie est saisie sur ces ruines, et confirme le
désespoir. Et cependant comme tout se fait, et surtout les actions difficiles, par
l'attrait du bien faire et par la nécessité, le pouvoir se croit aimé. N'ai-je pas lu, au
sujet des mutineries militaires, que ces hommes dévoués avaient été égarés, certai-
nement, par quelques prêcheurs de doctrine ? Or je puis dire que tous les hommes de
troupe que j'ai connus, aussi bien ceux qui supportaient le plus difficilement l'escla-
vage et l'humiliation, étaient absolument défiants et même hostiles à l'égard de toute
Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 151
doctrine politique ; et cette amère sagesse, si durement acquise, les éclairait encore
mieux là-dessus. Comment auraient-ils donné confiance à des discours bien faits, eux
qui voyaient justement l'envers de la plus brillante tapisserie, eux les soldats du droit
et de la civilisation ? Autant que j'ai pu voir, ils ne croyaient plus à rien.
Ils croyaient à la vengeance. La colère à chaque instant éveillée et réprimée se
donnait une échéance ; au plus tard après la victoire. Chacun imaginait, dans ce
silence trompeur, quelque renversement, où les tyrans seraient humiliés à leur tour,
quelque état social, d'ailleurs indéterminé, où les puissants baiseraient la terre. Cette
vision de la justice n'était nullement dans les nuages, mais se traduisait au contraire
en des images d'une précision puérile. Que de fois n'ai-je pas pensé, traduisant les
passions qui m'étaient propres : « Quand viendra le jour où je pourrai prouver à ce
polytechnicien qu'il n'est qu'un sot ? » Cette politique est courte. Ce fut celle de tous
les opprimés. Ajournée encore pour presque tous, non pas oubliée. J'ose dire que le
groupe Clarté n'a jamais bien su ce qu'il pensait, mais qu'il a toujours su ce qu'il
voulait. Ainsi que vienne la révolution, diffuse ou non, par opinion ou par coup de
main, beaucoup s'y mettront d'humeur, qui n'y sont point du tout en esprit. Je conclus
que la révolution russe fut de vengeance d'abord, et communiste par nécessité, car
que faire d'autre dans les ruines ? Et ce n'est point un ordre social abstrait, qu'ils ont
détruit, mais plutôt ils ont cherché tout droit à punir tous les tyrans, grands et petits,
brisant en même temps l'occupant et la coquille. Mais les politiques ne veulent point
croire cela, et je dirais même qu'ils ne peuvent pas le croire, étant bons princes à leur
estime ; et ils se dépensent à montrer l'impossibilité du communisme à des gens
comme moi, qui voudraient justement chasser l'occupant sans briser la coquille.
Alain (Émile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 152
Nulle violence n est utile en économie
d) Le communisme.
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Le collectivisme et le communisme ne sont point des doctrines politiques ; ce sont
des manières de vivre qui sont permises partout, que l'État ne peut point empêcher, et
qu'il ne peut point non plus ordonner. Des paysans peuvent mettre en commun leurs
champs et leurs troupeaux s'ils le veulent ; ils peuvent répartir les produits selon le
travail et même selon les besoins ; s'ils le veulent, alors tout ira bien ; mais s'ils sont
forcés, alors tout ira mal. Là-dessus le droit commun est spectateur en quelque sorte,
comme on voit par les maximes : « Le contrat est la loi des parties », et « Nul n'est
tenu de rester dans l'indivision ». L'arbitre ne fait ici autre chose que devancer
l'expérience ; car une association qui n'est pas aimée des associés est en voie de périr.
L'État ne peut nullement s'opposer à la coopération, ni à l'assistance mutuelle, ni à
l'assurance mutuelle ; mais il ne peut pas non plus les imposer.
Ce qui trompe, ici, c'est que l'État est lui-même un communisme pour certaines
fins, comme la sûreté, et un collectivisme pour d'autres fins, comme les postes ou les
chemins de fer et canaux. Assurément j'ai ma part de coopérateur dans les écluses et
dans les fils télégraphiques ; et je ne puis la retirer ; j'ai ma part aussi dans les canons
et mitrailleuses, et je ne puis la retirer. Mais aussi l'on a dit et redit que ce grou-
pement forcé ne rend point ce qu'il pourrait, comme le travail militaire le fait voir, qui
est fait sans amour, on peut le dire, en sorte qu'il faut au moins quatre hommes pour
faire la journée d'un, sans compter les surveillants. Il est vrai qu'en revanche tout est [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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